Education Prioritaire : entre rétropédalage, flou artistique et entêtement institutionnel

Strasbourg le 12 avril 2018

A la suite de l’audience de l’Intersyndicale reçue le mercredi 11 avril, un bilan de la situation:

Modification des moyens spécifiques alloués en Education Prioritaire : on récapitule !

  • En février nous avons appris la suppression des 16 postes RAR subsistant depuis 2010 dans l’académie ainsi que celle de la demi-heure supplémentaire par division allouée à chaque établissement de l’Education Prioritaire. Une partie de ces moyens sont redéployés en créant un poste surnuméraire par établissement. Cette décision, arrivée tardivement, après la plupart des remontées des DHG du Haut-Rhin, suscite d’emblée notre opposition et celle des chefs d’établissements regroupés en intersyndicale. En effet, elle s’est faite sans concertation, réduit considérablement l’autonomie pédagogique des équipes, compromet les projets pérennes existants et complique la préparation de la rentrée.
  • 15 mars: Lors du groupe de travail où nous sont présentés les postes spécifiques, nous redisons notre mécontentement. Ces postes sont profilés dans une optique exclusive de » co-enseignement et de mise en œuvre d’une démarche d’enseignement explicite », ce qui nous semble très directif et très restrictif sur le plan pédagogique. Nous déposons alors une demande d’audience sur le sujet.
  • 21 mars : Lors du CTA (Comité technique académique), la rectrice « consent » devant les objections soulevées à « assouplir » le dispositif en permettant le recrutement de deux collègues à mi-temps au lieu d’un seul à temps plein. Le SE-Unsa est alors la seule organisation à voter contre le dispositif : cette « concession » ne constitue pas une avancée notable et ne tient compte en rien des difficultés signalées.

Devant la communication désastreuse de ces décisions puis de leurs changements successifs, exclusivement faite en direction des chefs d’établissements, les personnels des différents établissements réagissent et une intersyndicale à laquelle nous participons demande audience au rectorat pour le mercredi 11 avril.

Et maintenant on en est où ?

Lors de l’audience du mercredi 11 avril, nous avons encore une fois redit à quel point la décision de créer des postes surnuméraires était ressentie comme une mesure imposée hors-sol, se faisant au mépris des équipes et de leur investissement ancien sur le terrain. Nous avons réaffirmé la nécessité de flexibilité pour que chaque établissement au vu des difficultés particulières qu’il rencontre, invente les solutions qui lui conviennent.

A ces arguments, nous avons reçu des réponses contradictoires que nous vous livrons :

Réponses du rectorat :

Oui, la nécessité de construire des réponses adaptées par chaque établissement est essentielle. C’est pourquoi nous avons décidé pour l’année prochaine de permettre aux établissements qui remonteront une présentation argumentée des projets en cours  de disposer de ces moyens horaires et non pas d’un poste surnuméraire. Ces projets ne doivent pas nécessairement être orientés vers du co-enseignement ou de l’enseignement explicite.

Mais pour l’année 2019-2020, tout le monde se verra de nouveau imposer la formule d’un poste surnuméraire si les moyens existent toujours après la révision de la carte scolaire prévue par le ministère. ( !!!!!) On fera un audit là où ils auront été créés cette année et vous verrez que ça aura bien fonctionné.

 On résume et on décrypte :

  • Si des collèges veulent recruter un ou deux enseignants pour le poste surnuméraire, ils le peuvent. Ceux qui ne veulent pas doivent présenter un projet argumenté de 18h pour bénéficier des moyens (au plus tard pour le milieu de la semaine prochaine 18 avril, rallonge obtenue sur la date initiale prévue du vendredi 13 avril). Bémol : « ce projet devra être validé par le corps d’inspection »
    Tout cela n’empêche pas le rectorat de démarcher en ce moment des collègues
    ayant postulés en REP/REP+ dans le cadre du mouvement de mutation classique pour leur proposer de postuler sur les nouveaux postes surnuméraires… Faudrait savoir ! 
  • Certes le rectorat a évolué dans sa position face à nos argumentations multiples et conjointes mais ne doutons pas que le manque de préparation et surtout la pénurie de candidats sur ces postes spécifiques l’obligeaient fortement à ces accommodements de dernière minute.
  • « On vous a entendu cette année, n’empêche que l’année prochaine on vous redemandera d’accueillir un poste surnuméraire à la place de tout le reste si on en a encore les moyens ». Et pourquoi ? « Parce que nous savons déjà que là où ces postes vont s’implanter le bilan sera positif »
    Cherchez l’erreur…

Et maintenant on fait quoi ?

La validation ou non des projets remontés par les collèges qui en auront fait le choix sera connue en mai.

  • Nous devons rester vigilants quant à l’application des annonces faites en audience, obtenues laborieusement après force demandes de précisions.
  • Nous ne saurions tolérer que des établissements se voient supprimer des heures si l’un ou l’autre de leurs projets ne convenaient pas.
  • Il est essentiel que les personnels restent mobilisés car les avancées obtenues sont fragiles et transitoires et les mêmes difficultés ressurgiront l’an prochain.

Plus généralement, le SE-Unsa à la lumière de cet épisode, s’inquiète fortement des orientations actuelles et à venir de la politique concernant l’éducation prioritaire en Alsace. Rappelons que la suppression des 16 postes RAR ainsi que celle de la demie heure par division et leur redéploiement sous cette nouvelle forme a permis au rectorat d’économiser 154 heures au final sur l’enveloppe totale allouée à l’Education prioritaire par rapport à l’an dernier. L’Education prioritaire, paradoxalement, ne nous semble plus être au cœur des priorités académiques. Le flou des discours qu’on nous a tenu ces derniers temps nous interroge et nous inquiète sur la nouvelle carte à venir de l’Education Prioritaire  et les moyens qui l’accompagneront.

Le SE-Unsa, vigilant depuis le début, se tient prêt à accompagner toute action à venir dans les établissements qui le jugeront nécessaires d’ici la fin de l’année et au cours de l’année 2018-2019, année du bilan des 5 ans de la réforme de l’Education Prioritaire et de la nouvelle carte.

David Grisinelli Secrétaire académique du SE-Unsa
Stephanie Sempéré Commissaire paritaire des certifiés.