Réforme du bac : et les CPE, M. Blanquer ?

Force est de constater que les CPE n’apparaissent pas dans le discours ministériel traitant de la réforme du Bac. Pourtant, pour le SE-Unsa, ce chantier les concerne à divers égards et rejoint plusieurs de leurs champs de compétences.

La nécessité d’une reconnaissance financière

Concernant la mise en place des contrôles continus et des copies anonymisées, qui va se charger de cette tâche ?

Dans nombre de lycées aujourd’hui, ce sont les CPE qui s’occupent du secrétariat du Bac actuel et donc des missions d’anonymat.
La réforme prévoit que cette mission soit fractionnée sur les 2 années de première et de Terminale.

Ce travail administratif supplémentaire doit continuer à s’adresser à des collègues volontaires.  Il doit être reconnu par le versement d’IMP et présenté en conseil pédagogique lors de la répartition du contingent.

La vie scolaire en variable d’ajustement

Des CPE exerçant en lycée dans plusieurs académies constatent que les personnels de direction « réquisitionnent » davantage les assistants d’éducation pour l’organisation du Bac blanc et du Bac : surveillance des épreuves (y compris des élèves à besoins éducatifs particuliers nécessitant un tiers temps supplémentaire), préparation des salles de classe, secrétariat de jury d’examen, etc.

En fonction de la taille de l’établissement, le service vie scolaire mobilise, à cette période de l’année, deux voire trois assistants d’éducation maximum dans la journée. Prendre sur cet effectif pour des tâches administratives et de surveillance et pallier au manque de personnel enseignants pose inévitablement des problèmes de fonctionnement de la vie scolaire.

Dans le même esprit, la mise en place des épreuves communes de contrôle continu soulève des craintes au sein de la profession.

Comment maintenir un accueil et un service de qualité à la vie scolaire si les assistants d’éducation sont régulièrement « accaparés » par l’organisation des épreuves communes de contrôle continu ?
En ponctionnant trop facilement sur les personnels de vie scolaire, les collègues craignent légitimement que l’on porte atteinte à leur identité professionnelle. Subissant les affres d’un effectif de vie scolaire moins nombreux, ils seront amenés à traiter eux-mêmes les affaires courantes ou les urgences au détriment de leurs propres missions (projets éducatifs, suivi des élèves avec les partenaires, organisation du service…).

Quelle prise en charge des classes/des élèves qui n’auront pas cours quand leur professeur sera convoqué pour les épreuves communes de contrôle continu ?

Nous voyons déjà les soucis en lycée professionnel ou polyvalent lors des CCF y compris en EPS (horaires de convocations différents, élèves qui errent à droite à gauche, entrées et sorties de l’établissement à tout instant…)

Les épreuves orales en question

Les CPE sont particulièrement sensibles à la promotion de l’égalité des chances. En ce sens, l’épreuve du grand oral doit être bien cadrée et faire référence à des contenus enseignés et des compétences travaillées.

Le risque est grand, sur ce genre d’épreuves, de favoriser les élèves issus de classe sociales favorisées.
Pour tenter de réduire l’impact de ce facteur sociologique, il importe donc de sécuriser les élèves par des questionnements balisés sur des sujets étudiés en classe.

Le déroulement des oraux de rattrapage se chevauche avec la période des inscriptions déjà fastidieuse. Si le ministère avait voulu privilégier la simplification de l’organisation du nouveau Bac, il aurait pu supprimer cette étape et réorienter le rattrapage par la simple étude par le jury du livret scolaire des candidats.

Nous prenons le pari que cette décision, non couteuse, n’aurait pas changé fondamentalement les résultats d’admission. Attachés à la dimension d’engagement citoyen, les CPE auraient sans doute vu d’un bon œil que les compétences développées dans l’investissement des élèves hors enseignement soient alors prises en compte dans l’examen de leur dossier.