Examens voie pro : ça se précise !

Le contrôle continu pour palier les contrôles en cours de formation (CCF)
Il existe une véritable particularité en voie pro : la priorité est donnée aux CCF.
En effet, les notes déjà acquises lors des CFF sont conservées. Il n’est pas question d’organiser de nouveaux CCF d’ici la fin de l’année scolaire.
Quand il n’a pu avoir lieu ou si un élève n’a pas pu passer son examen, le contrôle continu vient se substituer aux CCF. En effet, dans ce cas, l’évaluation est remplacée par la moyenne des moyennes trimestrielles ou semestrielles obtenues dans chaque discipline, complétées par les évaluations des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP).
Seules les épreuves terminales sont annulées et remplacées par les notes et évaluations obtenues en contrôle continu et consignées dans le livret scolaire ou de formation.
Cela s’applique à tous les candidats quelles que soient :
  • les modalités de formation (élèves en formation initiale, apprentis et stagiaires de la formation professionnelle dont le centre de formation n’est pas habilité à pratiquer le CCF )
  • les structures de formation (établissements publics, privés, organisme de l’enseignement à distance dont la structure de formation peut fournir un livret de formation).
Ces notes concerneront essentiellement les deux premiers trimestres et ne tiendront pas compte de la période de confinement. En fonction des dates et des conditions de reprise des cours, les moyennes obtenues après confinement pourront éventuellement être prises en compte « avec bienveillance ».
Pour maintenir le poids relatif de chaque discipline, les coefficients prévus par le règlement du diplôme professionnel demeurent.
Notons que la même logique sera retenue pour les certifications intermédiaires.
Les PFMP : une réduction du nombre de semaines obligatoire
Les périodes de formation en entreprise sont suspendues jusqu’à la fin de l’année scolaire.
Cela clarifie la situation pour toutes les classes et tous les niveaux. Une réflexion sur les classes de seconde et de première est en cours. Les effets du confinement ont des conséquences sur l’ensemble du cycle de CAP et de Bac Pro.
Par ailleurs, le nombre de semaines de stage obligatoires pour l’obtention du diplôme est revu à la baisse.
Cette dérogation s’appuie sur les textes existants qui prévoient notamment, à titre exceptionnel, un minima de 10 semaines pour l’obtention du Bac Pro. D’après la foire aux questions (FAQ) ministérielle, en cas de non réalisation de la totalité des semaines de PFMP initialement prévue, il faudra avoir réalisé a minima :
  • 5 semaines sur l’ensemble de la scolarité pour l’obtention du CAP en 2 ans ;
  • 3 semaines sur l’ensemble de la scolarité pour l’obtention du CAP en un an ;
  • 8 semaines sur l’ensemble de la scolarité pour l’obtention de la mention complémentaire ;
  • 6 à 8 semaines (soit, selon les spécialités, la moitié de la durée totale pour l’obtention du brevet des métiers d’art) ;
  • 10 semaines sur l’ensemble de la scolarité pour l’obtention du baccalauréat professionnel.
La fiche récapitulative des PFMP présente dans le livret scolaire permettra l’évaluation des compétences attendues pour le baccalauréat. Celle-ci tiendra notamment compte du rapport de stage rendu et des visites en entreprise par le professeur référent.
Délivrance du diplôme : le jury reste souverain
Au préalable, le livret sera finalisé après le conseil de classe de fin d’année et sera accessible aux élèves et leurs familles afin d’échanger, si nécessaire, avec le chef d’établissement.
Comme habituellement, un travail d’harmonisation interviendra, afin de respecter l’égalité de traitement entre candidats.
Puis, les épreuves seront validées sur le fondement du livret scolaire et éventuellement des évaluations.
Le jury d’examen arrêtera les notes définitives à la lumière des moyennes du livret, des notes validées de CCF et des évaluations des PFMP. Les appréciations du livret concernant l’assiduité et la progression de l’élève devraient également être pris en considération.
La délivrance du diplôme résulte donc de la délibération du jury qui demeure souverain.
L’épineux problème des habilitations
La solution envisagée consiste à prolonger la période d’obtention des habilitations (ou du permis comme pour les formations de conduite routière) jusqu’à la session de septembre.
Au regard du contexte, cela ne peut être qu’un pis-aller. Il est en effet difficile d’imaginer que les heures de pratiques manquantes puissent être rattrapées d’ici là.
Pour le SE-Unsa, une autorisation exceptionnelle pourrait être accordée aux élèves pour qu’ils puissent intégrer d’autres structures afin de passer leur permis y compris pendant la période estivale.
En dernier recours, une dérogation pourrait leur être attribuée afin de passer leur permis au premier trimestre de l’an prochain.
Dans le cadre des habilitations non obligatoires, on peut imaginer après discussion avec les branches professionnelles que les entreprises s’engagent dans la mesure du possible à accompagner ces jeunes dans l’obtention de leur habilitation en interne après embauche.
Quid de l’oral de rattrapage ?
Les élèves de terminale professionnelle ayant une moyenne comprise entre 8 et 10 pourront passer l’épreuve orale de contrôle dans les conditions ordinaires. En revanche, il n’existe pas d’épreuve de rattrapage, ni d’oral de contrôle pour les autres diplômes professionnels.
Pour les candidats individuels ou en formation dans un organisme ne pouvant produire un livret scolaire, les épreuves terminales sont reportées à la session de septembre. Un dispositif d’accès aux études supérieures sous réserve de l’obtention du bac ou du brevet des métiers d’art leur permettra d’accéder aux études post bac.
L’avis du SE-Unsa
Les ajustements concernant les examens de la voie professionnelle vont dans le bon sens.
Des mesures logiques et concertées ont été appliquées.
Le SE-Unsa réaffirme son souhait de la tenue d’une commission d’harmonisation encadrées par les IEN-ET distincte du jury d’examen.Celle-ci préparerait de manière précise une proposition de note au jury qui pourrait se contenter de délibérer.
Cette solution assurerait un équilibre entre la connaissance des acteurs de proximité et le caractère national de l’épreuve avec un cadrage.
En effet, les harmonisations habituelles ne suffiront pas puisqu’on est face à une situation exceptionnelle de prise en compte du contrôle continu en lieu et place des épreuves terminales dans plusieurs disciplines.
En fonction des spécialités et de l’importance de leur diffusion, la commission pourra se tenir en priorité au niveau départemental voire académique et si besoin au niveau national.
Enfin, pour ce qui est des PFMP, il faut faire confiance aux équipes concernant les cas particuliers.
Les oraux de soutenance de certaines sous-épreuves ne peuvent se tenir. À charge donc pour les collègues et les professeurs référents dans certaines spécialités (comme en commerce) de tenir compte de la note de dossier ou de convertir la grille d’évaluation de la PFMP en note dédiée.
Des ajustements devraient en outre être décidés pour les élèves de première voire de seconde qui passeront leur baccalauréat en 2021 et 2022. Il ne saurait y avoir de rattrapage de PFMP dans une période encore incertaine où les calendriers vont se resserrer et où les entreprises auront probablement d’autres priorités axées sur la relance de leurs activités.
Les PLP seront probablement mobilisés encore plus que d’habitude. Entre la reprise progressive, la participation aux jurys d’examens et la gestion des candidats libres, la charge de travail risque de s’alourdir.
La « bienveillance » affichée par le ministère devra s’appliquer à tous et en particulier aux enseignants qui méritent une véritable reconnaissance de leur travail et de leur investissement.