La circulaire n° 2011-189 parue au BO le 3 novembre 2011, pose un nouveau cadre à l’enseignement d’histoire des arts au collège et à son évaluation orale en classe de troisième pour le DNB.
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=58238
On passe du grand flou (artistique…) à un cadrage serré, et de nouvelles contraintes, avec notamment :
- un enseignement et une épreuve orale à définir en conseil pédagogique et à voter en CA en juin pour la session 2013.
- ces modalités sont à présenter aux élèves et aux familles à chaque rentrée (au plus tard au début du 2e trimestre pour la session 2012).
- on conseille fortement de placer les dates d’épreuve de l’oral la semaine suivant les conseils de classe du troisième trimestre, sur des heures libérées pour les élèves de 3e
- l’enseignement de l’HDA donne lieu à une mention dans les bulletins trimestriels, avec le cas échéant, une note chiffrée.
- le plus grand soin doit être accordé à la préparation et au suivi des élèves qui peut être assuré par tout professeur. Il est rappelé l’usage du “cahier personnel d’HDA” qui peut prendre une forme dématérialisée.
- en classe de 3e, l’élève qui le souhaite peut constituer un dossier d’objets d’étude (oeuvre, édifice ou monument, ensemble d’oeuvres, problématique, etc.) qu’il choisit de présenter à l’oral.
- lors de l’épreuve orale, les candidats présentent une liste de cinq objets d’étude reliés à plusieurs thématiques transversales et présentent de manière facultative le dossier d’objet d’étude. Les objets d’étude sont remis au jury au moins cinq jours avant l’épreuve orale. Le jour de l’épreuve orale, le jury choisit l’objet d’étude parmi les cinq sur lequel portera l’exposé.
- les élèves peuvent toujours passer en groupe (pas plus de trois) mais la notation est individuelle. L’épreuve dure toujours 15 mn, en deux parties, exposé et entretien.
- une grille d’évaluation nationale indicative est fournie dans le BO, associant un barème chiffré à une répartition de compétences. Les établissements peuvent s’en inspirer.
- pour la composition du jury, deux professeurs : un au moins doit enseigner une discipline artistique, les lettres ou l’histoire, l’un au moins ne doit pas avoir accompagné le candidat dans sa préparation
Les avancées
- un cadre d’évaluation est proposé au niveau national, de nature à aider les collègues, faisant le lien avec les items du socle commun
- la liberté laissée aux élèves dans le choix et la présentation des objets d’étude, la possibilité pour eux de s’investir dans la réalisation d’un dossier personnel
- le fait que cette épreuve soit finalement confortée malgré les florilèges caricaturaux qui ont pu être établis, alors que de nombreuses équipes sur le terrain ont su investir un nouveau champ de travail interdisciplinaire au bénéfice des compétences et connaissances de leurs élèves.
De nombreuses critiques ont été émises à l’encontre de l’introduction de l’histoire des arts au collège et de son évaluation floue pour le DNB, sans cadrage national. Le SE-Unsa soutient les ambitions de ce nouvel enseignement interdisciplinaire permettant aux élèves de développer leurs capacités à l’oral, d’étendre leur culture artistique, de travailler sur des sujets interdisciplinaires, tout en dénonçant le manque de moyens pour le mettre en oeuvre dans les établissements, à commencer par le temps de concertation et de travail commun nécessaire pour les enseignants, auquel le temps du conseil pédagogique ne peut pourvoir à lui tout seul. Cette nouvelle circulaire, voulant répondre à un souci louable de cadrage et d’harmonisation (notamment de la notation), pose en réalité un champ de contraintes encore plus important aux collègues, sans penser le temps nécessaire pour d’une part préparer le travail, d’autre part le mener en classe et accompagner individuellement les élèves à l’épreuve orale.
Les points qui fâchent
- l’introduction de l’histoire des arts dans le bulletin scolaire, avec éventuellement une note et nécessairement un commentaire, oblige les collègues à de nouvelles concertations et de nouvelles évaluations partagées, de la 6e à la 3e ! Pédagogiquement, elle norme des cadences d’enseignement et oblige à des réalisations et à des évaluations trimestrielles. Cette normalisation tend à faire de l’Histoire des arts une discipline à part entière alors qu’elle est techniquement une enseignement interdisciplinaire.
- l’épreuve orale ressemble à une véritable épreuve du baccalauréat, avec le choix déterminé par le jury d’un objet d’étude sur cinq, le jour même de l’épreuve, tout en réclamant un accompagnement digne d’un TPE. Ces modalités sont absurdes au collège, qui plus est quand la circulaire conseille de placer l’épreuve fin juin, peu avant le brevet. Les élèves devront travailler (préparer l’oral, mémoriser…) cinq sujets, la surcharge de travail va être conséquente et relève d’une logique de sanctionner un bilan. Les élèves vont pouvoir se préparer au bachotage. D’autre part, les recommandations concernant l’entretien précisent qu’ “afin d’enrichir l’entretien, le jury peut toutefois faire réagir le candidat à une œuvre inconnue de lui, autant que possible reliée aux objets d’étude qu’il aura proposés”.
- Toute la préparation doit avoir lieu dans le temps de toutes les disciplines. En gros les établissements doivent se débrouiller avec leurs moyens, et régler en interne les problèmes de la mise en oeuvre…
Les points qui posent encore question
- le rôle du dossier préparé par l’élève et son évaluation ?
- le choix des oeuvres ou objets d’étude relève-t-il uniquement des élèves ? Que devient le thème choisi pour l’année par les professeurs ?
- la ligne dans le bulletin sera-t-elle complétée tous les trimestres, de la 6e à la 3e ? Qui s’en chargera ?
La réponse aux errements de la circulaire relèvera de la “liberté” du conseil pédagogique…
Quel pilotage ?
L’introduction de l’histoire des arts et de son évaluation est caractéristique d’une politique scolaire ubuesque qui consiste à placer en permanence la charrue avant les boeufs sous le coup des injonctions politiques, pour au final jouer les pompiers de service sous le feu des critiques remontant du terrain. La présente circulaire “abroge et remplace la note de service n° 2009-148 du 13 juillet 2009, publiée au B.O. n° 40 du 29 octobre 2009”.
La belle affaire ! Rappelons que cette présente circulaire est parue au journal officiel le 10 novembre, qu’elle demande aux équipes pédagogiques de présenter leur projet au plus tard au début du deuxième trimestre (décembre), avec de nouvelles règles du jeu ! Quid du travail engagé par les équipes de professeurs sur le terrain ? Quelle considération ou même conscience de ce travail ? On pourra rappeler simplement un fait à la DEGESCO : la rentrée a eu lieu le 2 septembre.
D’autre part, sous l’apparence d’une liberté pédagogique accordée aux équipes, la méthode prévue par le ministère relève une nouvelle fois de la caporalisation, en créant un nouveau champ de contraintes (vote en CA, annonce officielle aux élèves et aux familles)… Cette normalisation et “contractualisation” de l’enseignement de l’Histoire des arts au collège pose un carcan qui peut au final scléroser les ambitions initiales.
Quelle crédibilité enfin donner à cette présente circulaire quand on mesure le champ des inconséquences qu’elle porte en elle, qui échoiront une nouvelle fois à la bonne volonté et au temps forcément extensible des professeurs.
A quand la prochaine circulaire ?
Annexe 1 : La grille d’évaluation indicative, qui présente l’avantage de pouvoir servir de référence au niveau national, et de lister des items du socle mis en oeuvre dans cette tâche complexe.
Compétences liées à l’enseignement d’histoire des arts | Barème indicatif |
Connaissances et capacités relatives à l’œuvre d’art L’élève est capable de : |
12 points |
Situer des œuvres dans le temps et dans l’espace. | |
Présenter une œuvre de façon précise selon ses caractéristiques principales : domaine artistique, auteur, titre, époque ou contexte, support, dimensions, destination, mouvement artistique. | |
Maîtriser des notions de base pour décrire les techniques de production et les usages d’une œuvre d’art ou d’un monument. | |
Utiliser à bon escient un vocabulaire adapté à un domaine et à un langage artistiques. | |
Développer un commentaire critique et argumenté sur une œuvre en discernant entre les critères subjectifs et objectifs de l’analyse. | |
Établir des liens pertinents avec d’autres œuvres de la même période ou de périodes différentes. | |
Produire quelques éléments d’analyse critique sur une œuvre nouvellement présentée à son regard. | |
Manifester des connaissances de base sur les métiers et les formations liés aux domaines artistiques. | |
Capacités générales et attitudes L’élève est invité à : |
8 points |
Développer, pendant cinq minutes environ, un propos structuré relatif à l’objet d’étude. | |
Appuyer son commentaire sur une documentation appropriée (référence aux cours, ressources numériques, etc.) | |
Écouter et prendre en compte les questions du jury en formulant une réponse adaptée. | |
Justifier ses choix en décrivant ses intérêts et ses acquis en histoire des arts. | |
Manifester sa capacité à interroger un univers artistique, y compris abstrait. | |
Évoquer la construction d’une culture personnelle en histoire des arts. | |
S’exprimer correctement à l’oral, dans un niveau de langue approprié. | |
Adopter un comportement physique convenant à la situation de l’épreuve. |