Sans concertation préalable avec les représentants des personnels ni avec les chefs d’établissements et dans la précipitation la plus totale, le rectorat a décidé de remplacer la demi-heure supplémentaire attribuée par division en REP et REP + depuis des années par un poste surnuméraire dans chaque établissement de l’éducation prioritaire alsacienne.
Le SE Unsa a vivement et à plusieurs reprises expliqué en instance les raisons de son opposition à ce nouveau dispositif et a voté contre -il était d’ailleurs le seul, CFDT, FSU et FO s’étant abstenus – lors du Comité Technique académique du 21 mars, pour les raisons suivantes :
- Le remplacement d’une enveloppe d’heures par un poste fixe fait perdre considérablement en autonomie aux équipes. Elles s’étaient toutes et depuis longtemps emparées de cette rallonge pour mener des projets aussi variés que nécessaires. De nombreux d’enseignants de disciplines différentes s’investissent en fonction des besoins propres à chaque établissement (mise en œuvre de projets interdisciplinaires, renforcement de l’accompagnement de l’orientation en classe de 3e, coordination de niveau, heures de soutien spécifique, préparation aux épreuves du DNB etc…), car c’est l’expérience des personnels sur le terrain qui construit l’expertise pour définir avec finesse les besoins et apporter les réponses parfois complexes nécessaires.
- Le nouveau dispositif met principalement l’accent sur la pseudo-nécessité de co-enseignement en éducation prioritaire, qui serait donc la seule action souhaitable à mener désormais en REP et REP+. Cela nous semble être une posture bien rigide et limitante, faisant fi de toutes les autres innovations conduites depuis longtemps dans les établissements par des équipes inventives et proches des réalités de terrain. Mais encore faudrait-il que le rectorat connaisse et surtout évalue l’investissement et les très nombreux projets engagés…
- La nomination d’un ou de deux enseignants spécifiques sur des missions plus que floues, vont empêcher la poursuite d’actions menées par des collègues qui se connaissent et connaissent leurs élèves.
- Comment par exemple un professeur de lettres nommé pour 18h pourra-t-il apporter du soutien en mathématiques aux élèves qui en ont besoin, et inversement comment un professeur de mathématiques aidera les élèves en français ? Comment un seul enseignant avec un emploi du temps à 18h pourra-t-il s’insérer souplement dans des projets multiples et variés faisant intervenir d’autres collègues ayant eux aussi la même obligation de service et des emplois du temps propres ? Autant de questions techniques pourtant simples et compréhensibles que nous avons soulevées et qui sont restées sans réponse de la part de l’administration…
- Il est clair que ce dispositif complique considérablement l’organisation de la rentrée prochaine dans les établissements car il s’est fait avec une impréparation et une précipitation impressionnante.
- La seule évolution du dispositif accordée par la rectrice, obtenue par le SE Unsa et l’Unsa Education, consiste à pouvoir scinder ce poste surnuméraire en deux demi-postes et à pouvoir y affecter des personnels de l’établissement.
Aussi le SE-Unsa encourage-t-il les personnels qui seraient candidats sur ces postes spécifiques par ailleurs provisoires, à bien se renseigner sur le contenu réel de la lettre de mission qu’ils vont signer avant de s’engager dans cette aventure.
Le SE-Unsa a fait savoir qu’il était très défavorable à l’embauche de contractuels partout où il n’y aurait pas de candidat, et a demandé que les 18 heures du poste surnuméraire soient reversées dans ces cas-là dans la DHG des établissements afin que les projets existants puissent se poursuivre et d’autres se développer.
Enfin nous appelons les établissements de l’Education Prioritaire à se mobiliser contre ce dispositif le jeudi 12 avril. Nous avons déposé un préavis de grève pour ce jour-là, permettant aux personnels de choisir la forme d’action qui leur paraîtra la plus adéquate en fonction de leurs réalités de terrain.
Nous rappelons enfin que c’est la mobilisation unanime des établissements de l’Education prioritaire derrière une revendication claire qui avait en 2010 permis de sauver la demi-heure allouée à chaque division et qui perdurait jusqu’à ce jour.