Parcoursup ne crée pas la compétition scolaire, les filières sélectives ou le manque d’investissement dans l’université. La sélection existait déjà mais elle était plus subtile, moins visible. Avec Parcoursup, les élèves et les enseignants qui les accompagnent « se la prennent en pleine figure » et ça fait mal…
Avant, dans APB, les élèves devaient hiérarchiser leurs vœux. Ils faisaient souvent le choix de placer en premier un vœu accessible, c’est à dire qu’avec l’aide du professeur principal et du PsyEN orientation, ils pratiquaient une forme d’auto-sélection stratégique. Du coup, les élèves étaient beaucoup plus nombreux à obtenir une réponse positive sur un vœu « choisi ». Ils se sentaient « acteurs » de leur parcours, même si en vérité la pièce était largement écrite ailleurs et par d’autres. Avec Parcoursup, plus d’auto-censure, tout le monde peut tenter sa chance… Les espoirs suscités ont donc été immenses, alors que le résultat final ne sera probablement pas différent de celui de l’an dernier : les meilleurs dossiers obtiendront les orientations les plus convoitées, les dossiers les plus fragiles finiront là où il reste des places. Les lycéens qui sont encore en attente d’une réponse positive se sentent dépossédés de leur avenir, dépendants des choix effectués par ceux qui ont les meilleurs dossiers. Si on ajoute à cette attente subie des classements très différents d’un même dossier sur des formations similaires ou une proportion très importante de candidats sans réponse positive dans une classe ou un lycée, il y a de quoi nourrir la colère des lycéens concernés.
Quant aux équipes éducatives, professeurs principaux en tête, qui sont en première ligne pour répondre au désarroi et à la colère des lycéens, il faut aussi que le ministère entende leurs difficultés. Non, tous ne sont pas « des professionnels de la défiance ». Parcoursup a représenté un travail colossal, souvent dans l’urgence. Ils ne s’en plaignent même pas. Ce dont ils se plaignent, c’est d’être confrontés de manière violente aux injustices de notre système éducatif et de ne pas pouvoir apporter de réponses rassurantes aux questions des jeunes avec lesquels ils ont travaillé toute l’année. Si un bilan sérieux n’est pas fait de cette première année et si des améliorations ne sont pas annoncées pour l’an prochain, il sera très difficile de trouver des professeurs volontaires pour assumer la mission de professeur principal de terminale.
En voulant apporter des solutions à deux reproches formulés à APB, le tirage au sort (pour 0,7% des candidats) et le classement imposé des vœux, Parcoursup a créé une difficulté nouvelle, à l’impact symbolique désastreux pour près de la moitié des lycéens. Même si les places se libèrent à un rythme soutenu, le mal est fait. Il faudra suivre de très près les résultats de la procédure. Qui seront les gagnants et les perdants de Parcoursup au terme de la procédure ? Par exemple, les lycéens professionnels seront-ils plus nombreux à avoir obtenu une affectation sur un de leurs vœux en STS ? C’était une des promesses des ministres. Sera-t-elle tenue ?