Alors que de nouvelles grilles élèves sont annoncées, l’enjeu de l’évolution du calcul des DHG et de leurs répartitions dans les établissements est clairement posé, avec en corollaire, l’impact sur les conditions d’enseignement et les postes d’enseignants. C’est donc l’occasion de faire le point sur l’existant et les évolutions possibles et souhaitables.
Les DHG sont composées des heures élèves et des heures complémentaires professeurs.
Qu’en est-il pour le bac pro ?
Les heures élèves :
Actuellement :
Le calcul des heures par le rectorat est fait sur la base de 2 grilles horaires élèves (production et services) qui sont tri-annualisées. La dotation hebdomadaire correspond donc à une moyenne des heures tri-annualisées sur les 84 semaines de cours et ce, quels que soient les niveaux de classe. À noter qu’il n’y a aucun cadrage pour les dotations des regroupements de sections de spécialités différentes. Les rectorats ont profité de ce vide réglementaire pour raboter les DHG.
Dans les établissements, la répartition des heures élèves par niveau et par discipline est très souvent aléatoire et peu transparente. Comment savoir si un élève a bénéficié sur le papier dans chaque discipline, des heures dues sur le cursus de 3 ans ? Le plus souvent les élèves n’ont pas toutes leurs heures car elles sont utilisées pour faire des dédoublements supplémentaires.
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Ce qui serait prévu :
Des deux grilles existantes, il n’en restera qu’une (voir en PJ) qui sera donc commune aux spécialités de production et de services. Nous notons positivement la présence d’un cadrage horaire annuel par niveau mettant fin au flou des grilles élèves tri-annualisées et permettant ainsi une répartition transparente et équitable pour une cohorte d’élève sur l’ensembles des niveaux. Il sera possible de faire varier les PFMP de 18 à 22 semaines avec un cadrage par niveau. Un cadrage pour la dotation des regroupements de sections de spécialités différentes est nécessaire.
Des innovations pédagogiques apparaissent. Il s’agit d’intégrer de la co-intervention en enseignement professionnel avec le français et les maths ainsi que du travail sur projet. Le ministère a choisi de diminuer les heures élèves (environ de 4h hebdomadaires sur les 3 niveaux pour arriver à 30h) afin de libérer des marges qualitatives. Nous notons en effet un transfert partiel (de 2 à 3 heures) sur la co-intervention et sur l’accompagnement personnalisé / soutien / préparation à l’orientation donc pour l’instant le compte n’y est pas. Par ailleurs, la baisse horaire envisagée pour la 2elangue nous semble excessive.
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Les heures complémentaires profs
Actuellement :
Les heures profs sont calculées par le rectorat en fonction d’une estimation des effectifs coefficienté en fonction de la grille (0,575 à partir du 16eélève pour la grille « production » et 0,479 à partir du 19eélève pour celle des « services »). Elles sont non ciblées et globalisées dans la DHG. La répartition de ces heures relève de l’autonomie de l’établissement donc tout est possible, du meilleur au pire. |
Ce qui serait prévu :
Nous ne connaissons pas à ce jour les critères de dotation en heures complémentaires professeurs. Elle ne devra en aucun cas être inférieure à l’existant et si la grille horaire élève devait rester en l’état, le calcul devra être modifié pour compenser les heures élèves manquantes. La baisse des heures élèves en enseignement général doit se concrétiser par une augmentation du travail en groupe à effectifs réduit et celui-ci doit être garanti. |
Qu’en est-il pour le CAP ?
Les heures élèves :
Actuellement :
Il existe 3 grilles horaires en fonction des PFMP (12, 14 ou 16 semaines). Les heures sont réparties par semaine, par niveau, par spécialité et à l’identique pour les 3 grilles. Aucune ambiguïté pour le calcul de la dotation et sa répartition. |
Ce qui serait prévu :
Les 3 grilles existantes seront remplacées par une seule grille (voir en PJ). Notre travail d’analyse a été fait sur la base de la grille actuelle de 14 semaines. Il sera possible de faire varier les PFMP de 12 à 14 semaines avec un cadrage par niveau. À l’image des bacs pro, des innovations pédagogiques apparaissent : co-intervention en enseignement professionnel avec le français et les maths, projet/réalisation d’un « chef d’œuvre ». Il y a aussi la création d’heures dédiées à l’accompagnement personnalisé / consolidation / préparation à l’orientation.
Le ministère a choisi de diminuer les heures élèves (3h sur la première année et 1,5 sur la deuxième) pour transférer ces heures aux innovations pédagogiques. Et Il y a bien effectivement transfert sur la co-intervention et l’accompagnement personnalisé / consolidation / préparation à l’orientation.
Il faudra garantir dans les textes une dotation identique quel que soit le nombre de semaine de PFMP.
Un cadrage pour la dotation des regroupements de sections de spécialités différentes est nécessaire.
Par ailleurs, la baisse horaire envisagée pour les arts appliqués nous semble excessive.
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Les heures complémentaires profs :
Actuellement :
Les grilles CAP ont des seuils de dédoublement clairement définis par spécialité pour l’attribution des heures complémentaires professeurs. |
Ce qui serait prévu :
Nous ne connaissons pas à ce jour les critères de dotation en heures complémentaires professeurs. La baisse des heures élèves en enseignement général doit se concrétiser par une augmentation du travail en groupe à effectifs réduit et celui-ci doit être garantis. Nous demandons le maintien de ces seuils pour le calcul de la dotation. |
L’avis du SE-Unsa
Les nouvelles grilles horaires présentées à la presse par le ministre fin mai ne sont pas encore définitives. Leur présentation a été « vulgarisée » pour l’occasion. C’est pour cela par exemple que la PSE n’apparait pas car elle a été incluse dans les heures d’enseignement professionnel.
Les grilles sont allégées afin de dégager des heures pour des groupes à effectifs réduits ou de la co-intervention. C’est une option qui peut être intéressante si aucun moyen ne s’évapore dans l’opération, si les programmes sont adaptés et si les équipes sont accompagnées pour mettre en œuvre les nouveaux dispositifs. La co-intervention et le travail de projet nécessitent un travail collectif conséquent. Ce temps nécessaire de concertation doit être reconnu en étant intégré dans le temps de service ou financièrement.
Pour le SE-Unsa, il n’est pas envisageable que cette réforme soit source d’économies budgétaires donc de postes. Nous ne pouvons pas nous prononcer à ce sujet tant queles critères de dotation en heures complémentaires professeurs ne sont pas connus. C’est à l’aune de cette attribution que nous pourrons mesurer la volonté ministérielle d’investir dans la voie professionnelle afin de transformer qualitativement les conditions d’enseignement des PLP.
Les attentes des enseignants de LP sont très fortes. Ils ne sont que 60% à se déclarer heureux dans leur métier, contre plus de 85% des enseignants en lycée GT selon un sondage SE-Unsa-Ifop (lire l’article). Cet écart significatif doit interpeller le ministre.